Raymond Schwartz, ce nom évoque surtout, dans la littérature en esperanto, un véritable déferlement d'humour verbal et particulièrement de jeux de mots. À partir de 1926, ceux-ci ont révélé aux usagers de cette langue construite, encore toute jeune et un peu trop guindée, qu'elle portait en germe des possibilités de jeu linguistique pouvant, en outre, servir de support à des plaisanteries souvent grivoises et/ou satiriques touchant aussi bien le monde de l'esperanto que n'importe qui ou n'importe quoi du monde en général. Mais cette extraordinaire agilité de Schwartz à exploiter tous azimuts les ressources linguistiques de l'esperanto déborde largement le cadre de l'humour verbal, même si celui-ci peut se trouver dans pratiquement toutes les formes de ses productions. Or, celles-ci appartiennent à tous les genres ; certains de ses textes ne prêtent d'ailleurs pas du tout à rire, car il pouvait être fort sérieux sans pour autant se prendre lui-même au sérieux. Et c'est sans doute parce que l'humour est toujours tapi dans un coin de son oeuvre que certains, le connaissant mal, l'ont réduit à ce rôle de « clown vert » dont il avait certes endossé l'habit lors de son irruption, avec le « Verda Kato », dans le monde de l'esperanto.